Derrière la Sorbonne, vendredi, des étudiants juchés sur des toits de camions envoyaient des sacs de riz par la fenêtre à quelques enthousiastes enfermés dans les locaux par les CRS. Cinq minutes plus tard, des têtes sinistres en uniforme remplaçaient celles des étudiants aux fenêtres, et fermaient toutes les issues pour de bon. Un quart d'heure plus tard, des centuries de CRS marchaient sur le maigre cordon d'étudiants au regard consterné qui bloquait la rue, en amont. La rue a été nettoyée comme le champagne bousse le bouchon, sans bavures. Mardi, entre les barrières qui entravent la place, une foule criait devant quelques orateurs de fortune. On entendait "Villepin", puis des cris. Le non initié se demandait de quoi il pouvait bien s'agir, puis si tous ces gens comprenaient seulement pourquoi ils criaient.
J'ai acheté mon premier costard aujourd'hui. Il parait qu'il est de rigueur à l'oral de Sciences Po. Ici, rien ne semble rappeler la cour fraîche de la rue porte d'Ales que le soleil d'hiver. On oublierait presque la saveur du Gaillac et la lumière de juin sur la pierre blonde.